Le 22 Mars
Les événements dramatiques de janvier et du 13 novembre 2015 ont laissé des blessures profondes dans la société française, et il est apparu nécessaire de prendre la parole pour progresser vers plus de paix, de cohésion et de fraternité. C’est ainsi que le 22 mars 2016, après des mois de préparation, de hauts dignitaires religieux, des intellectuels, des militants, des politiques, des agnostiques se sont réunis à la Mairie de Paris, à l’instigation du rabbin Yann BOISSIÈRE et du MJLF, pour dire d’une même voix qu’ils sont avant tout français et républicains, pour affirmer leur attachement à une société laïque sans crispation identitaire, et pour proclamer leur volonté d’œuvrer pour le vivre-ensemble : ils ont été les « voix de la paix ».
Les attentats terroristes meurtriers de Bruxelles, le matin même du 22 mars, ont donné une tonalité particulière à cet événement « interconvictionnel », qui a illustré la nécessité accrue et l’urgence d’être unis et solidaires, pour que continue à vivre l’espoir.
Après deux tables rondes, deux prix ont été remis à deux associations (œuvres originales de Gérard GAROUSTE). Puis, après l’intervention d’Anne HIDALGO, maire de Paris, qui a soutenu et accueilli le projet pour « générer des anticorps contre la radicalité », les participants sont descendus sur le parvis de l’Hôtel de Ville, rejoints par les Parisiens et quelques personnalités, tel Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, afin de respecter ensemble une minute de silence à la mémoire des victimes des attentats de Bruxelles.
De retour dans la salle, neuf femmes remarquables ont lu leur non moins remarquable Manifeste pour la paix (texte p. 4). Elles ont été relayées par l’« appel pour la paix » de six dignitaires religieux et spirituels (Roger CUKIERMAN, président du CRIF, représenté par Véronique HARARI ; père Antoine GUGGENHEIM, directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins ; Patrick KESSEL, président du Comité Laïcité République ; rabbin Michel SERFATY, président de l’Amitié judéo-musulmane de France ; Dalil BOUBAKEUR, recteur de la Grande Mosquée de Paris, représenté par Slimane NADOUR ; Laurent SCHLUMBERGER, président de l’Église protestante unie de France).
Le discours de Gilles CLAVREUL, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra), et le discours du rabbin Yann BOISSIÈRE, initiateur de l’événement, ont conclu le débat d’idées. Les Voix de la Paix se sont terminées par un exceptionnel concert, sous la direction de Yom, et par un « buffet interconvictionnel » pensé et réalisé par les élèves du lycée professionnel Camille-Claudel de Mantes-la-Ville.
Martine Bresson-Rosenmann
Ce mardi 22 mars 2016, vers 9 heures du matin, il fait beau. Un café au Relais de l’Hôtel de Ville, un œil vers les entrées imposantes de la Mairie de Paris, je compulse mes messages à l’orée de « la » grosse journée, tout en me laissant baigner par le soleil qui inonde la terrasse. Aux premières nouvelles de Bruxelles, ma douce excitation du jour J stoppe net ; mon cœur se fige, j’ai probablement pensé quelque chose comme « les salopards… » – je me souviens alors que c’est après les attentats de janvier 2015 que le projet des Voix de la Paix a pris sa véritable signification.
Il s’agissait initialement de redonner vie aux annuelles soirées interreligieuses du MJLF. La formule avait connu ses riches heures, puis avait périclité, avant de disparaître. Je souhaitais alors – on est en février 2014 – exhumer cet événement si propre à l’ADN d’ouverture de notre mouvement, lorsque sont intervenus les attentats de janvier 2015.
Deux nécessités me sont alors apparues. La première, c’est qu’il ne pouvait plus s’agir de rencontres interreligieuses où d’aimables désaccords se règlent en délicieux intermèdes musicaux, où l’oud le dispute en fraternité avec les joyeux chorus de nos invités chrétiens. Il fallait monter d’un cran, repenser notre union de manière plus puissante, plus nationale : réunir, non les seules sensibilités religieuses, mais aussi les mouvements non-religieux : athées, francs-maçons, ligue de l’enseignement. Bref : passer de l’interreligieux à l’interconvictionnel.
La seconde est qu’il fallait sortir du cadre d’une communauté particulière – fût-elle ouverte à la Cité comme le MJLF – pour investir un lieu central et républicain. Nous rêvions de la Mairie de Paris, et ce fut la Mairie de Paris. De même, il fallut déployer notre projet non sous la seule bannière communautaire du MJLF, mais à un niveau capable d’agréger toutes les sensibilités : « les Voix de la Paix ». Aujourd’hui, après que le MJLF en a été l’incubateur, « les Voix de la Paix » sont une association autonome qui va s’attacher à honorer les espérances nées de la journée du 22 mars. Affirmation de la République, de la laïcité comme notre unique cadre commun, norme en surplomb de toutes les convictions, applicable à tous afin de nous ressaisir en tant que peuple : telle fut la valeur première.
À dire vrai, il y a aussi d’autres harmoniques : après des années de débats sociétaux parfois houleux (mariage pour tous, fin de vie, GPA…), le désir d’affirmer la légitimité des traditions religieuses à enrichir le débat public – à condition de ne point s’arc-bouter sur des positions de « non possumus » ; au nom de notre humanisme millénaire, contribuer de manière intelligente – la sensibilité et l’art en font partie – à renforcer la paix sociale.
Toutes ces nuances ont trouvé à s’exprimer dans les différents moments de la journée : après de classiques tables rondes – dont le caractère interconvictionnel, toutefois, était peu commun –, les Voix de la Paix ont ainsi fait naître au monde des œuvres inouïes – la création de Gérard Garouste, le concert de Yom – et ont peut-être changé la vie de certains élèves du lycée des métiers Camille-Claudel (Mantes-la-Ville) – ces élèves ont brillamment mené pendant plus d’un an une réflexion citoyenne sur la manière de créer un buffet républicain pour mille personnes…
Tout cela, ce furent précisément les « Voix de la Paix » : un voyage, aussi important que le résultat. Ce fut une aventure humaine extraordinaire, et bien sûr elle continue : chemin et horizon, reconnaissance des dangers qui nous assaillent et action citoyenne résolue. Ce que nous avons de meilleur – la capacité de nous rassembler –, nous n’allons pas le lâcher, nous allons l’affirmer, toujours plus et toujours plus nombreux. C’est là l’antique et actuelle leçon de nos spiritualités : face à l’obscurité des lâches et des fous, il nous faut affirmer et projeter notre lumière.
Rabbin Yann Boissière,
initiateur du projet Les Voix de la Paix
Lorsque nous nous remémorerons cette journée du mardi 22 mars 2016, faudra-t-il en rire ou en pleurer ? Moi-même, sur scène, chef d’orchestre délégué, chargé de faire vibrer en rythme les émouvantes voix de la paix qui se succé- daient à mes côtés, j’oscillais à chaque instant entre douleur et euphorie. Cette douleur brutalement descendue de Bruxelles pour railler une fois encore notre indéfectible volonté d’être les artisans du dialogue. Le dialogue interreligieux d’hier est aujourd’hui devenu interconvictionnel. Un concept. Un néologisme. Une nécessité. Une urgence.
Il y a de cela quelques mois, mon ami le rabbin Yann Boissière m’a entraîné dans cette aventure qu’il a imaginée. Je me demandais alors combien ils seraient à répondre à son appel. Des dizaines, chaque jour, annonçaient leur venue, si bien qu’il fallut refuser nombre de retardataires. Car c’est bien par centaines qu’ils sont venus prendre place là, devant moi, dans ce majestueux salon de l’Hôtel de Ville de Paris.
Que retenir de ces quelques heures passées ensemble, tous ensemble ? La réponse semble contenue dans la question. Bien sûr, il y a eu les mots, notamment ceux de ces neuf femmes de convictions différentes venues clamer côte à côte qu’elles sont des voix de la paix. Il y a eu les discours, les récits, les échanges. Il y a eu cette interruption pour respecter une minute de silence à la mémoire des victimes des attentats de Bruxelles. Il y a eu ce merveilleux moment de musique et de mots, encore des mots. Il y a eu ces adolescents, venus nous rappeler que les nourritures terrestres, elles aussi, peuvent dire quelque chose sur le vivre-ensemble
Mais de ma tête, les mots se sont envolés. À dire vrai, il ne me reste presque rien des nuances des nombreux messages qui nous ont été adressés. Parce qu’ils disaient tous, et c’est bien normal, à peu près la même chose : nous sommes différents, et alors ? Quelle richesse !
Peu de mots, donc, mais des images. Une image surtout, celle d’une salle à peu près comble, au cœur d’une longue soirée, avec une petite heure de retard sur le programme, en raison de la bouleversante actualité du jour. Oui, malgré cela, presque immobiles sur leurs chaises depuis le milieu de l’après-midi, ils étaient encore si nombreux. Parce que tous savaient que le moment était unique. Parce que chacun ressentait la nécessité de poursuivre l’histoire, encore un peu. Ensemble, tous ensemble.
Franck STEPLER,
animateur de l’événement
Ce prix était destiné à honorer des acteurs (personne ou association) pour leur engagement dans les domaines interculturel, interspirituel, social ou artistique, ou encore visant à l’intégration au sein de la République. Le jury était composé de responsables de quatre associations œuvrant dans le dialogue interculturel et interreligieux : Coexister ; l’Amitié judéomusulmane de France; la Fraternité d’Abraham ; le Carrefour des mondes et des cultures. Le prix « Encouragement » était doté par un pack de services proposé par le Centre des jeunes dirigeants (CJD).
Le prix a été matérialisé par une œuvre originale de Gérard GAROUSTE – peintre, graveur et sculpteur français –, lithographiée par Franck Bordas.
Les intervenants ont souligné que face à la violence, les espaces de dialogue sont essentiels, car c’est ainsi que l’on aiguise son esprit critique. Nommer les choses en fuyant les « ismes » qui veulent soumettre l’être humain, tel est le défi. Il faut par ailleurs chercher la vérité avec courtoisie, sans esprit de syncrétisme, et sans se considérer comme « possesseur » de l’esprit. La laïcité comme mode d’organisation de la société introduit en 1905 la liberté d’opinion, d’expression, et n’est nullement opposée aux cultes.
Jean-François Lévy
Pour le rabbin Michel Serfaty, dialoguer sur le vivre-ensemble précède l’interreligieux. Il faut s’adresser en priorité aux jeunes enfants porteurs des préjugés les plus sombres. Il ne faut pas priver le discours public de considérations spirituelles, ajoute Antoine Guggenheim. Secourir les autres est primordial (pauvres, handicapés, personnes maniant mal la langue française…). Pour Tareq Oubrou, c’est dès la maternelle qu’il faut agir. La laïcité est la branche sur laquelle nous sommes tous assis, et nous devons apprendre à tous à vivre leur religion dans le consentement de la société.
Daniel Keller préconise d’enseigner aux jeunes les éléments de la culture avant le fait religieux. La laïcité républicaine permet de bâtir une société qui dépasse la simple juxtaposition d’origines ou de croyances.
Catherine Kintzler conclut que la voie interconvictionnelle – et non multiconvictionnelle – appelle à la concorde. Un agora, un « espace zéro » en deçà des spiritualités est nécessaire, qui produit et protège la liberté, protège les individus les uns des autres pour qu’ils puissent exercer leurs droits.
Jean-François Lévy
Yom était vraiment la personne idéale pour le concert conclusif des Voix de la Paix, la base musicale de ce virtuose de la clarinette constituant déjà une fusion entre le jazz et le klezmer.
Le travail de Yom le pousse constamment vers de nouvelles collaborations où il explore des territoires musicaux inconnus, de manière partagée. La direction musicale du concert des Voix de la Paix s’inscrivait donc dans cette évolution personnelle d’échanges et de fusions toujours plus audacieuses. Des croyants de diverses traditions et des non-croyants avaient élaboré un programme éclectique, destiné à générer de l’harmonie à partir des différences. Certaines propositions constituaient des références fortes à une tradition (chants en hébreu, en yiddish et en arabe, extraits des Évangiles, textes bouddhistes, gospel, poèmes du zoroastrisme...), d’autres pièces avaient été choisies pour leur tolérance ou leur universalité (« If » de Rudyard Kipling, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen…). Avec son complice Farid D. (violoncelle, oud et percussions) et un groupe de chanteurs talentueux, Yom nous a offert un magnifique concert, qui s’est conclu par La Marseillaise, entonnée avec ferveur par le public debout.– M.B.-R
Oui, il était bon et doux de se retrouver entre frères. Des croyants, des religieux, des non-croyants, des politiques nous ont interpellés lors des tables rondes et des déclarations. Notre raison et notre sensibilité ont pu se sentir en accord ou être dérangées par les mots prononcés, car les mots peuvent être maladroits. Mais ils deviennent transparents quand la musique les porte.
Yom et Farid D. furent d’incomparables bergers en ce 22 mars 2016. Ils ont conduit, soutenu et transmis une suite de prières et de textes de tous horizons, parvenant ainsi à faire de ce puzzle une incantation commune.
Des voix merveilleuses nous ont fait remonter au plus profond de nos racines. Même sans que nous comprenions le sens des mots, les gathas zoroastriens ou le Divan lu en farsi ont élevé notre cœur. Oui, « L’amour est ma religion » comme l’écrit Ibn Arabi, et moi, en tant que femme de foi, en tant qu’être humain, j’ai communié à ces appels à la paix.
C’est dans notre pays, la France, que cet après-midi s’est déroulé, dans ce pays où la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen a été proclamée. Fiers et responsables de ces engagements, nous avons chanté La Marseillaise pour clore cet instant magique. J’ai pensé à ma mère quand je l’ai chantée, à mes grands-pères, pour qui la réalisation de la paix et le bonheur des hommes passaient par le don de soi, et qui chérissaient cet hymne.
Partageons autour de nous ce moment vécu en frères et sœurs. Continuons à écouter Yom et sa clarinette magique !
Marie-Odile Tuloup, philosophe
Neuf femmes remarquables ont lu chacune leur texte dont la somme constitue un manifeste, dont elles ont signé le parchemin. Anne Hidalgo, maire de Paris, a indiqué que ce texte serait conservé à l’Hôtel de Ville.
« Je suis une voix de la paix, car si les femmes veulent échapper au masculinisme des traditions religieuses sans renier leur foi, elles sont obligées d’interpréter les textes, de relativiser les pratiques, fussent-elles millénaires. Je suis une voix de la paix parce que je veux œuvrer pour que ma tradition religieuse ne soit pas une forteresse, mais bâtisse des ponts et ouvre des portes, et pour que les textes ne deviennent pas les armes du fanatisme mais des espaces de débat et de questionnement.
« Je suis une voix de la paix parce qu’en ces temps troublés, les peurs se révèlent, les haines se déchaînent. Face à ce qui nous dérange, nous horrifie, nous culpabilise, nous sommes trop souvent tentés par le repli sur nousmêmes, fermés à la complexité de notre monde. Je veux chercher sans relâche à comprendre, sans faiblesse : non pas excuser les failles, les erreurs, les horreurs, mais plutôt identifier les blocages, les frottements inhérents à toute société humaine, afin de pouvoir mieux les dépasser.
« Je suis une voix de la paix parce que je sais que tous les humains sont mes semblables. Daesh prétend détenir la vérité et être supérieur aux autres musulmans, aux juifs, aux chrétiens, et bien entendu aux athées. Je suis une voix de la paix parce que j’ai compris que c’est toujours l’humain qui interprète sa religion : je comprends mon islam à partir de ce que je suis et de ce que je vis. Dans le Coran, Dieu nous dit que lorsque ce sera la fin du monde, il faudra encore planter un arbre. C’est la vie qui prime sur le néant. Pour rester humanisé, il faut rester lié à l’humanité.
« Je suis une voix de la paix parce qu’être laïque c’est refuser les dogmes. La laïcité n’est pas une option spirituelle particulière, mais la condition de l’existence de toutes les options. Être laïque, c’est privilégier le raisonnement, l’esprit critique, la réflexion personnelle pour préparer le dialogue qui conditionne la volonté de vivre ensemble. C’est vouloir vivre en démocratie et en paix. Cette paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité.
« Je me joins aux voix de la paix parce que j’estime que tout espoir nous est permis. Des attentats inadmissibles nous ont endeuillés, mais en répondant à l’agression par le dialogue, nous démontrons que la violence ou le repli sur soi ne sont pas des fatalités. Nous pouvons espérer aboutir à une paix extérieure si nous commençons par établir la paix en nous-mêmes. Nous avons la chance de vivre en France. Ici, nous pouvons exposer et proposer publiquement nos opinions, politiques ou religieuses. Le respect, de soi, d’autrui, de l’environnement, cela s’apprend.
« Je suis une voix de la paix parce que le spectacle de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants jetés sur les routes pour fuir la guerre m’est intolérable. Nous sommes de la même humanité, et leur destin est notre avenir. Je suis une voix de la paix parce que les attentats ne doivent pas donner raison à ceux qui font de la mort leur raison de vivre. Engageons-nous en faveur d’une France solidaire, accueillante, libre et fraternelle, forte parce qu’ouverte à l’Autre
« Je suis une voix de la paix parce que je crois à la force d’un débat d’idées qui refuserait d’éclipser la voix de l’Autre… Au cœur de nos traditions, le féminin a été longtemps le visage de cet effacement. Or un système de pensée ou de croyance qui ne fait pas de place aux femmes n’en fera à aucune altérité. Les voix féminines de nos traditions doivent être entendues. Elles rappellent que tout discours monolithique, dans sa négation de la pluralité des voix, pave la route de tous les fondamentalismes.
« Je suis une voix de la paix parce que nous vivons un moment où il faut donner de la voix pour crever les silences atterrés de ceux qui se résignent à la montée des injustices. Pour couvrir les voix de ceux qui utilisent des mots de peur ou de haine pour rejeter l’Autre, l’étranger. L’étranger, réfugié, immigré, est d’abord une personne humaine avec un nom, une histoire, une famille, avec les mêmes aspirations que nous, les mêmes rêves d’une vie dans la dignité et la sécurité. Nous sommes des voix de la paix quand nous utilisons les mots de solidarité, de fraternité, d’hospitalité et que nous posons des actes derrière les mots.
« Je suis une voix de la paix, parce que j’ai le souvenir de toutes vos guerres. Je suis une femme cousue de peurs. J’ai consigné les noms des enfants que vous m’avez pris. Des terres que vous m’avez saccagées. J’ai dans l’oreille le bruit de vos bottes et le fracas de vos armes. Vous avez fait de moi la veuve et l’orpheline. L’enjeu de batailles dans lesquelles je ne reconnais rien ni personne, même pas mon Seigneur. Aujourd’hui, je veux faire entendre la voix de la paix contre celle de l’épée. Je veux réclamer ma dignité de femme, d’épouse et de mère. Daignez donc que je sorte de ma cuisine pour vous appeler à la raison…Tel sera mon pari. Et celui de toutes les femmes… Au Ve siècle avant J.-C., la Grecque Lysistrata avait lancé cet oracle : « Quand la guerre sera l’affaire des femmes, elle s’appellera la paix. » Que de prières et de larmes faudra-t-il encore pour que notre siècle lui donne raison ! »
Christine PEDOTTI, écrivain, directrice déléguée de la rédaction de Témoignage chrétien
Valentine ZUBER, historienne et sociologue, représentant la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme
Dounia BOUZAR, directrice générale du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’Islam (CPDSI)
Carole COUPEZ, déléguée aux actions d’éducation à la citoyenneté du collectif associatif Solidarité laïque
Marie-Stella BOUSSEMART, présidente émérite de l’Union bouddhiste de France
Françoise DUMONT, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme
Delphine HORVILLEUR, rabbin du Mouvement juif libéral de France
Geneviève JACQUES, présidente de la Cimade
Fawzia ZOUAR, écrivain et journaliste
La magnifique journée des Voix de la Paix s’est terminée avec « Le Buffet de Marianne », préparé, transporté et servi par des élèves du lycée professionnel public Camille-Claudel, de Mantes-la-Ville, dans les Yvelines. Ces jeunes ont également relevé le défi d’accueillir participants et personnalités en respectant le protocole très précis de la Mairie de Paris.
Depuis plusieurs mois, 95 élèves encadrés par 12 professeurs ont construit un projet pédagogique pluridisciplinaire, dont le fil conducteur était « l’enseignement moral et civique ».
Pour concevoir le buffet et comprendre les enjeux de cette journée, les élèves ont travaillé sur les questions de laïcité, d’écologie, d’alimentation dans le monde, d’hygiène et de sécurité. Mohamed Ali Bouarb, aumônier en chef adjoint musulman de l’état-major de l’armée de terre, et le rabbin Marc-Alain Ouaknin leur ont expliqué les prescriptions alimentaires de l’islam et du judaïsme.
Le résultat : des variations salées et sucrées délicieuses, épicées et colorées, servies par des jeunes heureux et fiers de leur travail commun. La présence et l’implication de ces jeunes, la qualité de leur prestation étaient ce qu’on pouvait rêver de mieux pour clore cette journée. Et ce « buffet de Marianne » illustrait parfaitement leur démarche, telle que résumée dans leur discours de présentation : « La République a fait l’École, l’École fera la République. »
Marianne Sananès
Nous avons imaginé « les Voix de la Paix » comme un mouvement porteur de dialogue entre les religions, spiritualités et mouvements philosophiques au sens le plus large, et la République laïque. Cette idée s’est tout d’abord structurée autour de la journée interconvictionnelle du 22 mars 2016 à la Mairie de Paris. Cet événement public était sous-tendu par trois idées-force :
Ces idées, nous souhaitons les voir perdurer et fructifier dans des actions concrètes. C’est pourquoi nous avons donné aux « Voix de la paix » une forme associative, avec pour objectifs :
Quant aux perspectives d’action, elles seront les suivantes :
Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (DILCRA)
Fondation Moses-Mendelssohn (FMM)
Fondation du judaïsme français (FJF)
Fondation pour la mémoire de la Shoah (FMS)
Joint (American Jewish Joint Distribution Committee)
Mouvement juif libéral de France (MJLF)
Le Monde des religions ; Centre des jeunes dirigeants ; Institut européen du journalisme (Paris) ; Librairie Pierre Brunet/La Colomberie ; Akadem, campus numérique juif ; Swimprod ; Agence centdegrés (notamment création du logotype Les Voix de la Paix) ; Tenou’a.
Le lycée des métiers Camille-Claudel (Mantes-la-Ville) : merci aux élèves, aux enseignants et à la direction du lycée, tout particulièrement Laurent Bonsergent (proviseur) et Dominique Dos Santos (chef des travaux), qui ont assuré l’accueil et conçu, préparé et servi le buffet.
Julietta Bankhalter, Ruth Berreby, rabbin Yann Boissière, Nicolas Bossière, Jérôme Chaumond, Philippe Clanché, Gisela Gomez-Bossière, Nathalie Hazan-Brunet, Emilie Luquet, Dominique Knobler, Marc Konczaty, Elie Papiernik, Paola Perez-Zarur, Marie Petitcuénot, David Schajer, Patrick Schein, Sandrine Schein, Franck Stepler, Jean-Denis Tétier.
Anne Hidalgo, maire de Paris, ainsi que Ivoa Alavoine, Judith Brunnquell, Marie-Pierre Coquet, Clémentine Heitzler, Esther Palacci, Gérard Pehaut et toutes les équipes.
Franck Bordas (Studio Bordas), Gérard Garouste (créateur de l’œuvre remise aux lauréats du Prix des Voix de la Paix), Pierre Labadie (Fraternité d’Abraham), Françoise-Anne Ménager, Emmanuel Michel (Coexister), rabbin Marc-Alain Ouaknin.