La naissance nous construit, la connaissance nous informe, la reconnaissance nous élève.
Oui, mais dans un monde idéal ! Car aujourd’hui, le monde devient quasi-illisible. Confus, bruyant, violent. Alors qu’il exige de nous une attention permanente, il nous déçoit sans cesse par ses futilités et ses arrogances. Alors même que notre bienveillance nous porte volontiers à y contribuer, il suscite aisément notre colère, nous stupéfie par ses dépassements, chaque jour, de l’insupportable et de l’inadmissible, il nous fatigue, et nous renvoie finalement à la vanité de nos efforts…
Serait-ce là le nouveau credo des Voix de la Paix ?
Absolument pas, rassurez-vous ! S’il fallait en réaffirmer le fil directeur, il tiendrait, pour cette rentrée, en deux notions-clés, en deux volontés en tout point contraires à cette philosophie du verre d’eau à moitié vide : confiance, et apaisement…
Notre actualité de plus en plus tumul-tueuse, c’est un fait, nous conduit à nous interroger sur la portée de nos actions associatives en général. Celles-ci paraissent si justes, dans leurs intentions et leur objet, et si dérisoires dans leur impact, dans un monde qui semble uniquement obéir à l’individualisme forcené et aux rapports de force…
Sur ce point, nous n’avons jamais varié. Dans ce monde complexe, l’évaluation quantitative est souvent une fausse bonne idée, pseudo-scientifique. Ce qui compte, c’est la qualité, et la qualité des rapports humains qui se tissent dans l’action. Pour ne prendre qu’un seul exemple, qui sait le poids de cette conversation entre cette jeune fille musulmane, la plus virulente pendant notre intervention en collège sur « laïcité et religion », et notre intervenante, qui après la séance, vient spontanément discuter avec elle pour se faire expliquer des choses sur l’islam qu’elle n’entend pas dans sa famille ? La politique et ses commentaires nous ressassent l’obsession des résultats immédiats, tendant à nous emprisonner dans ses schémas, mais l’éducation, elle, s’occupe des graines... ! Son humaine et véritable mesure, ce sont les regards échangés, la fraternité ressentie, l’audace d’un espoir partagé.
Nous avons poursuivi cette vision, vous le savez, tout au long de 2025, jusqu’à cette magnifique journée du 19 juin dernier à l’Assemblée nationale, sur le thème « Débattre. Pour que vive la démocratie ! ». Et nous continuerons à le faire en cette nouvelle rentrée, et en 2026, délaissant l’hubris du commentaire à tout bout-de-champ sur l’actualité, pour ces regards, ces enseignements, ces lumières, ces espoirs partagés sur le terrain qui n’ont pas de prix. Il nous faut retrouver, sur bien des sujets, l’art du débat vigoureux, mais argumenté, et apaisé ! Avec la confiance, oui la confiance que la justesse, quels que soient les nombres qu’elle mobilise, est la véritable clé d’un avenir commun, et d’un avenir meilleur.
Yann Boissière
Président des Voix de la Paix