DES VOIX POUR LA PAIX : notre exposition à la Mairie du 10e arrondissement de Paris du 25 novembre au 19 décembre 2024

Magnifique soirée, lundi 25 novembre, à la Mairie du 10ème , pour l’inauguration de notre exposition « Des Voix pour la paix » (créée sur la base du voyage en Israël et Territoires palestiniens que nous avions organisée en juin 2022). Une inauguration qui a aussi comporté, en cette journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes, une table ronde passionnante avec Ann-Gaëlle Attias-Matoksy et Meriem Selmani

De gauche à droite : Meriem Selmani, Yann Boissière et Ann-Gaëlle Attias

► En accueillant l’exposition au sein de sa mairie dans son discours introductif, Madame la Maire, Alexandra Cordebard, a développé une réflexion intéressante sur le courage politique (il en faut pour accueillir cette expo). A quoi bon « s’embêter » avec un sujet épineux, qui risque de soulever toutes sortes d’oppositions ? Tout simplement parce que sans courage, sans affirmation de valeurs et d’idées, la politique n’existe plus… Nous la remercions chaleureusement de nous accueillir. 

► Après avoir présenté l’association les Voix de la Paix, son histoire et ses missions, Yann Boissière a développé notre philosophie de la « résilience associative ». Face à la sempiternelle et difficile question de la mesure de notre impact (une question de tous les jours), et du doute qui pourrait légitimement nous saisir simplement à regarder la puissance des facteurs du mal dont l’info nous livre quotidiennement le flux, il a rappelé les deux convictions qui fondent notre détermination :

- « La philosophie des petites lumières » : même dans une immense nuit noire, une petite lumière suffit à éclairer la nuit entière et à poser une direction ;

- La conviction que sans l'action associative, celle de toutes les associations du monde entier qui agissent avec bonne volonté, le monde, c’est certain, serait un chaos total. Et que si celui-ci se maintient, malgré tout, comme un endroit vivable, c'est parce que la somme du bien, mathématiquement, est supérieure à la somme du mal.

► Le débat, ensuite, fut formidablement riche entre Ann-Gaëlle Attias et Meriem Selmani. Animé par Yann Boissière à partir de trois questions (le parcours personnel de nos intervenantes ; la question des femmes dans le conflit : premières victimes et, par ailleurs, fondatrices de magnifiques association en faveur de la paix ; le conflit, en particulier depuis le 7 octobre 2023, entre féministe intersectionnel et universaliste), il est ressorti du débat quelques idées fortes :

1 / Le refus d'essentialiser le rôle des femmes en termes d'engagement. Tout au long de leur parcours professionnel, nos deux débatteuses ont simplement tracé le chemin de leur réussite en mettant obstinément en avant leur diplôme et leur compétence – sans être dupes des clichés à leur encontre. Seule attitude pour avancer vers une égalité véritable (même si dans un dialogue avec la salle il a été rappelé la persistance d’inégalités fortes dans l'accès des femmes aux fonctions dirigeantes, dans les COMEX par exemple).

2 / Dans les conflits, le viol demeure une arme constante, d’une part parce qu’il est l’expression d'un machisme primaire et persistant, mais aussi, cela a beaucoup été souligné, parce qu’il représente une arme terriblement efficace pour porter un coup psychologique dévastateur à l'ennemi. Qu’un combattant tue un autre combattant, cela fait partie de la logique de la guerre, et son éventualité, si elle n’est pas espérée, ne fait pas partie du domaine de l’inattendu… Le viol, en revanche, porte un coup terrible au moral des troupes adverses. Tout cela est parfaitement instrumentalisé, cynique, inhumain, parfaitement disproportionné en retombant sur les femmes, mais tactiquement et tristement vraisemblable… Il a été formulé que cette situation perdurerait tant que les femmes n’auraient pas les moyens de se défendre (ce qui soulève la redoutable question « quels moyens » ?) 

3 / Le magnifique engagement associatif des femmes en faveur de la paix (cf. Women Wage for Peace, les guerrières de la paix), dans la pensée de nos intervenantes, ne témoignent pas d’un essentialisme féminin différent de celui des hommes en matière d’engagement, mais tout simplement du fait que globalement sur la planète, les femmes ne sont pas en position d’exercer le pouvoir. L’associatif, ici, est une compensation du politique.

4 / Le problème du féminisme intersectionnel vs. universaliste. Et de « l’intersectionnalité » qui, au nom d'un biais politique – pro-palestinien en l’occurrence, a rendu scandaleusement muettes de nombreuses organisations féministes, incapables de protester contre le viol massif et systématique, le 7 octobre 2023, de femmes israéliennes dans leur propre maison. De manière intéressante, la position de nos intervenantes a été ici divergente, l’une mettant au centre de l’explication un gap générationnel sur ces questions (l’hyper individualisme des générations actuelles menant plus logiquement à la notion d’intersectionnalité), et l’autre tentant de comprendre le silence par la difficulté intrinsèque de parler du viol et de le dénoncer.

On l'aura compris, le débat fut riche, très clair, jamais jargonnant, grave et éminemment fraternel (allez, lançons-nous, « sororiel » !), un poil frustrant car trop court – ce qui est la marque d’un bon débat…

Discours introductif de Yann Boissière aux côtés de la Maire Alexandra Cordebard
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